Space K

Lebadang, né en 1921 à Vietnam ou Việt Nam, décédé en 2015 à Paris

1987
Gravure au carborundum
Estampe originale
Don manuel : Lebadang, Myshu

M.C. 2015-50

À partir des années 1985 - 1987, Lebadang crée ses premiers Espaces. Les premiers sont uniquement blancs, élaboré au moyen d’un papier pur chiffon très épais conçu et produit spécialement pour lui. Tel un architecte du papier, il modèle la cellulose comme la surface d’une terre imaginaire vue en surplomb, avec ses vallées et ses monts. L’artiste démiurge donne à voir un paysage épuré, spirituel, reconstruit à partir de l’intuition d’une nature primordiale, invisible mais présente. Un écho taoïste résonne dans cette quête proposée au spectateur, invité à porter son regard au-delà de la finitude de l’œuvre.
L’Espace vu du ciel gigantise le spectateur et se passe désormais de cadre. Souvent, de petites silhouettes circonscrites y apparaissent. Ces humains encerclés forment la cellule de base propre à la conception extrême-orientale de l’ordre humain : la famille, le village, la société dans son ensemble. Ces cellules humaines, émanations du sceau de l’artiste, attirent le regard du spectateur en lui montrant l’échelle infime de l’homme dans ce paysage sans frontières.
Les Espaces sont à la fois vides et habités. Lebadang y exprime sa sensibilité bouddhique : le Bouddha est vide d’ego, mais il est la plénitude même. Des silhouettes de bouddhas assis, reconnaissables à leur haute protubérance sur la tête, apparaissent çà et là sur la surface du papier.
Bientôt apparaissent les Espaces en papier noir, présentés en pendants, pour illustrer la complémentarité du jour et de la nuit. Au gré de la lumière, les effets de texture et d’ombres sur le velouté du fond crémeux évoluent d’heure en heure, induisant une relation à l’œuvre aussi active et mobile que patiente et contemplative.