Jarre funéraire

Anonyme

Entre 1200 et 1279
Porcelaine, Céramique tournée, Couverte qingbai, Moulage, Modelage, Décor rapporté (céramique)
Objet symbolique, Jarre
Achat

M.C. 9810

Il s'agit de deux insolites vases funéraires. Ayant rarement gardé son couvercle surmonté d'un oiseau, le vase funéraire classique des Song montre à la partie supérieure une rangée de personnages statiques, debout - souvent douze comme les branches terrestres et souvent assimilées aux signes horaires -, sous un dragon enroulé autour du col avec le disque solaire. La porcelaine est plus souvent blanc crème que blanc bleuté, bien que cette porcelaine blanc bleuté soit la marque des pièces funéraires de l'époque.
Ici, au lieu d'être figés en alignement rigide, les personnages - neuf sur le vase-tigre, dix sur le vase-dragon - sont comme animés de mouvement, tantôt de face, tantôt de dos, et portent une sorte de coiffe à ailes de lettré. Réminescence des techniques connues dans le Sud depuis les Han - qu'il suffise d'évoquer la statuette de danseuse des Han postérieurs trouvée en 1954 à Canton et maintes fois reproduites -, les bras sont faits d'un boudin aplati en écharpe.
L'autre aspect du décor est non moins intéressant. En effet, les deux vases forment vraiment une paire. Autour du col du vase avec le plus haut couvercle s'enroule le Dragon, symbole de l'Est, avec un disque portant le caractère "soleil" ; sur l'autre on trouve le Tigre, symbole de l'Ouest, très serpentiforme mais reconnaissable au caractère wang ("roi") inscrit sur le front. Il est accompagné du disque marqué du caractère "lune". Il s'agit bien d'une représentation des Quatre Orients : sur le vase du côté soleil, se trouve le Guerrier Noir - la tortue et le serpent -, symbole du Nord, et du côté lune, l'Oiseau Rouge, symbole du Sud.
Cette combinaison reste rarissime. Pourtant, en porcelaine blanc bleuté, on peut citer une paire de 49 cm avec les douze personnages, le soleil et le dragon pour l'un, la lune et le tigre pour l'autre. Elle a été trouvée dans une tombe de 1204, au Jiangxi, à la ville de Jiujiang (Kaogu, 1984, n°8).
Une autre référence apparaît dans un article sur des porcelaines qingbai des Song du Sud, exhumées de tombes du Jiangxi, à Qingjiang (Kaogu, 1989, n°7, p. 672, fig.6) : dans une tombe datée de 1258, il y avait une paire de vases de 60,4 cm de hauteur totale avec le couvercle surmonté d'oiseau, ainsi que les douze personnages en rang d'oignon et la présence du soleil, de la lune et des animaux des Quatre Orients - malheureusement la reproduction n'est guère lisible.

Référence(s) : Gilles Béguin (dir.), Art de l’Asie au Musée Cernuschi, Paris Musées / Findakly, 2000, p. 136-137.
Marie-Thérèse Bobot, Chine connue et inconnue : Dix années d'acquisitions au musée Cernuschi, Paris, Paris-Musées, 1992, p.148-150.