Petits poussins

Qi, Baishi 齊白石, né en 1864, décédé en 1957

En 1947
Papier, Encre
Peinture
白石翁; 星塘白武不出公卿
Don manuel : Guo, Youshou 郭有守, Docteur

M.C. 8726

Qi Baishi est originaire du village de Xingdou tang dans le district de Xiangtan au Hunan. Né dans un milieu modeste, il apprit dès son adolescent le métier de graveur de bois. Cette formation artisanale devait lui permettre de s’approprier le vocabulaire décoratif traditionnel, en particulier floral. À la fin de son apprentissage, il entreprit de se former à la peinture en autodidacte à partir des modèles du manuel de peinture Jiezi yuan huachuan, tout en exerçant son métier de graveur. L’étude de la technique du portrait auprès de Xiao Zhuanxin devait lui permettre de s’établir comme portraitiste à partir de 1889. La même année, il devint l’élève de Hu Qinyuan (?-1914) auprès duquel il apprit la technique exacte du gongbi. Ces qualités devaient néanmoins trouver leur expression la plus achevée dans les peintures d’insectes et de fleurs, auxquelles il consacra ses recherches de 1895 jusqu’à l’époque de son installation à Pékin dans les années 1920. De 1902 à 1909, il effectue de nombreux voyages, qui l’amènent à visiter des régions et des villes aussi différentes que Xi’an, Pékin, Guilin, ou Canton. Les œuvres vues et les personnalités rencontrées au cours de ces périples l’amènent à adopter de nouveaux modèles, comme Zhu Da (1626-1705), Jin Nong (1687-1764), ou Xu Wei (1521-1593) pour la peinture, et Zhao Zhiqian (1829-1884) pour la gravure de sceaux. Ces influences participent à l’évolution de son style, qui s’émancipe progressivement de sa manière minutieuse. Néanmoins, c’est seulement au moment de son installation à Pékin en 1917, à la suite de sa rencontre avec Chen Shizeng qu’il va s’orienter vers ce qui aboutira à l’émergence de son style personnel. Au-delà de l’influence de ses écrits, c’est peut-être l’importance accordée à l’œuvre de Wu Changshuo par Cheng Shizeng et les membres de son entourage, comme Chen Banding ou Yao Hua, qui devait conduire Qi Baishi à prendre pour modèle l’œuvre du maître de l’école de Shanghai. Au terme de ce que Qi Baishi appelait « la réforme artistique à un âge avancé », il s’imposa rapidement sur la scène artistique nationale. L’originalité de ses compositions, l’énergie de son pinceau et l’audace dans l’usage des couleurs caractérisent au plan formel les œuvres de cette époque. Par ailleurs, la simplicité directe de son art s’accorde au caractère rustique, ponctué d’humour, de son univers pictural. Après la révolution de 1949, il fut consacré comme le plus important représentant de la peinture chinoise traditionnelle.
Les quatre peintures données au musée Cernuschi par Guo Youshou forment un ensemble caractéristique de la maturité de Qi Baishi. Au-delà des réminiscences, sensibles, par exemple, à travers le profil du poisson-chat qui évoque la peinture Zhu Da, ces œuvres constituent une parfaite introduction à l’univers pictural de Qi Baishi. Les animaux, saisis dans la spontanéité de leur mouvement, telle la portée de poussins s’égayant dans toutes les directions, où l’oiseau picorant la pastèque, ont parfois une signification symbolique. Ainsi, l’association du poisson-chat, nianyu, et de l’omble-chevalier, guiyu, correspond à la formule de vœux chang nian da gui, dont deux termes sont des équivalents phonétiques des noms des deux poissons. De l’illustration de ces sentences populaires, se dégage une poésie concrète propre à Qi Baishi.

Référence(s) :  Marie-Thérèse Bobot, Musée Cernuschi: collection des peintures et calligraphies chinoises contemporaines, collection du musée Cernuschi, Alençon, Imprimerie alençonnaise, 1985.