Pietà

Lin, Fengmian 林風眠, né en 1900 à Guangdong (province), décédé en 1991 à Hong Kong

Vers 1940
Papier, Encre, Couleurs - Pigments
Peinture
Lin Fengmian
Don manuel : Desaleux, Edith

M.C. 10044

La représentation de la douleur occupe une place importante dans l'œuvre peint et les écrits de Lin Fengmian. Depuis le discours programme de 1927, l'intérêt de l'artiste pour la peinture des sentiments sous une forme visant à l'universel ne s'est pas démentie. En particulier, l'expression de la souffrance retient l'attention du peintre, de l'œuvre manifeste de 1929, "la douleur de l'humanité" , aux peintures testamentaires des années 1980. Dans cette perspective, le recours à l'iconographie chrétienne fournit à l'artiste les sujets qui lui permettent d'exprimer les sentiments les plus pathétiques de la gamme affective. Plusieurs peintures des années de vieillesse comme la Pietà de 1978 ou le Christ en croix de 1988 illustrent cet aspect de l'œuvre de l'artiste.
La Pietà du musée Cernuschi, datée du début des années trente, constitue une étape essentielle de la réflexion de Lin Fengmian sur le thème du corps souffrant. À bien des égards, elle apparaît comme la mise en pratique des réflexions de la fin des années vingt. Interrogeant les rapports qui unissent l'art et le sacré dans l'histoire de l'art occidental, Lin Fengmian définissait l'art comme une migration affective de l'œuvre au spectateur. A cette époque, l'artiste s'orientait vers la convergence entre l'Orient et l'Occident en n'hésitant pas à renoncer à une partie de l'héritage chinois. Pourtant dans la Pietà, il utilise les moyens traditionnels du peintre oriental, encre et papier. Par son format modeste et sa composition ramassée, l'œuvre constitue moins une démonstration expressive qu'elle ne tend à une intériorisation de la douleur. Le cerne affirmé détermine la cohésion du groupe, les valeurs contrastées de l'encre ménagent quelques coups de lumière qui auréolent le visage des deux femmes et creusent la poitrine du Christ. L'équilibre ainsi obtenu entre les effets de la peinture chinoise et occidentale, prolonge et dépasse les théories des années vingt: répondant aux visées de l'artiste, il génère la sympathie, créant chez le spectateur le sentiment d'une souffrance partagée.

Référence(s) : Gilles Béguin, Activités  du musée Cernuschi, Arts asiatiques, 2000, t. 55, p.158
Antoine Gournay," Lin Fengmian" : Le Paris de l'Orient: Présence française à Shanghai, 1849-1946, Catalogue de l'exposition organisée par le musée Albert-Kahn, 2002, p. 272
Gilles Béguin (dir.), Art chinois,Musée Cernuschi, acquisitions 1993-2004, Paris Musées / Findakly, 2005, p. 72
Eric Lefebvre, Artistes chinois à Paris, Paris-Musées, 2011, p. 12, 14, 15, 19, 20, 22-26, 32, 40, 43, 48-52, 58, 96, 100, 101, 118-121, 123-135, 138, 208, 213, 217, 221, 226

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