Solitaire sous les pins contemplant les vagues

Zhang, Yin 张崟, né en 1761, décédé en 1829

En 1820
Papier, Encre, Couleurs - Pigments
Peinture
En haut à gauche, poème de Huang Fuzeng 皇甫曾, signature de l'artiste suivie de deux sceaux; 夕菴張崟; 張崟之印; 寶巌氏
Don manuel : Société des Amis du musée Cernuschi

M.C. 2008-17

Inscription :
Dans ses remous, elle emporte les couleurs de la montagne,
Dans sa clarté, elle reflète l’ombre de la forêt.
Au moment où elle retentit sur la pierre,
On se souvient du calme [qui règne] au cœur de la montagne.
Xi An [surnom du peintre] Zhang Yin.

Zhang Yin appartenait à une famille de riches marchands de Zhenjiang, au Jiangsu. Son père et son oncle étaient des mécènes de première importance. Parmi les personnalités que son père avait coutume de recevoir, le calligraphe et collectionneur Wang Wenzhi et le peintre Pan Gongshou (1741-1794) eurent une influence profonde sur Zhang Yin. Il semble que Pan Gongshou l’ait initié à l’œuvre de Wen Zhengming qui devint le modèle privilégié de ses années de jeunesse. Alors qu’il avait dépassé la cinquantaine, les inondations provoquées par la crue du fleuve Jingjiang causèrent la ruine de Zhang Yin, qui dut quitter son ancienne résidence pour s’installer en ville où il pratiqua la peinture en tant que professionnel. Ses dernières années, vécues dans le dénuement, furent extrêmement créatives. Dans ses compositions de grand format, Zhang Yin entreprit de capter le caractère monumental des maîtres du paysage des Song du Nord. La puissance de ces œuvres à la polychromie affirmée lui permit de s’imposer comme chef de file de l’école de Zhenjiang.
Le format et les tonalités de la peinture de paysage Solitaire sous les pins contemplant les vagues correspondent à cette dernière période. Au niveau des masses rocheuses, le traitement de l’encre trahit l’influence des modèles de l’époque des Song. Les épines en forme d’éventail des grands pins, dont l’intensité nuancée suggère les profondeurs du feuillage, sont caractéristiques de la manière de Zhang Yin. La composition est très proche d’autres peintures réalisées au début des années 1820, telles que la Contemplation d’une cascade en automne du musée de Shanghai. La singularité de la peinture conservée au musée Cernuschi tient au fait que Zhang Yin a substitué l’amoncellement des vagues aux sommets montagneux.
Le sujet est une interprétation originale d’un thème souvent traité par l’artiste, celui de la contemplation d’une cascade. L’inscription, empruntée à un poète de l’époque des Tang, Huang Fuzeng (721 ?-785 ?), décrit le cours d’une rivière de montagne. Le poète souligne le contraste entre la fureur du torrent et la sérénité qui règne en haut des sommets. Le fait que le peintre ait volontairement omis le titre du poème La Source au pied de la montagne, laisse à penser qu’il avait peut-être l’intention d’évoquer un fleuve tumultueux plutôt qu’un paysage de montagne. Étant donné l’importance accordée aux sites célèbres de Zhenjiang dans son œuvre, Zhang Yin aurait pu être inspiré par les paysages des abords du Grand Fleuve.

Référence(s) : Eric Lefebvre, Six siècles de peinture chinoise, œuvres restaurées du Musée Cernuschi, Paris Musées, 2008, p. 96-97