Dans le cadre d’un été dédié à l’art chinois, le musée Cernuschi expose une sélection d'oeuvres d'artistes chinoises du XXe siècle. Cet accrochage présente les oeuvres de Fang Junbi, Li Shuang, Ling Shuhua, Wu Shujuan et Zeng Youhe. Une sculpture de Pan Yuliang est également présentée à cette occasion.

Salle Peinture
Musée Cernuschi
7 avenue Vélasquez, 75008 Paris

Accès gratuit dans les collections permanentes

L’histoire de l’art de la Chine a retenu les noms de nombreuses peintres et calligraphes de la période impériale. Néanmoins, le XXe siècle offre aux artistes chinoises des opportunités nouvelles et leur permet de prétendre à une meilleure reconnaissance. Elles ont en effet accès aux écoles d’art, voyagent, exposent et publient comme leurs collègues masculins. Il en résulte des œuvres dans tous les domaines de création. Cet accrochage, qui puise dans la riche collection de peinture moderne et contemporaine du musée Cernuschi, réunit six artistes appartenant à des générations différentes. Leurs œuvres témoignent de la diversité des techniques d’expression picturale, de l’encre à l’huile en passant par le collage, mais aussi de la permanence et de la réinterprétation, réaliste ou abstraite, de certains thèmes traditionnels tels que le paysage. En contrepoint des peintures présentées à l'occasion de cet accrochage, l’autoportrait sculpté de Pan Yuliang est exposé à proximité.

Wu Shujuan (1853-1930)
Wu Shujuan a vécu entre la fin de la période impériale et l’avènement de la république. Née au sein d’une famille de lettrés, elle apprend la peinture dans le cadre familial et manifeste très tôt ses dons dans le genre des fleurs et oiseaux. Mariée à un fonctionnaire impérial de haut rang, elle visite les sites célèbres qui inspirent ses peintures de paysage. Elle se distingue dans ce genre plutôt pratiqué par les hommes. La peinture présentée dans l'accrochage (Le cabinet d’étude aux senteurs d’abricot), créée dans sa maturité, se revendique d’un modèle ancien, comme l’indique l’inscription qui évoque le peintre Sun Kehong (1533-1611). Elle présente aussi une forme de modernité caractéristique de l’école de Shanghai, dont Wu Shujuan est une figure majeure.

Ling Shuhua (1900-1990)
Ling Shuhua est aujourd’hui surtout connue pour son travail littéraire, particulièrement pour ses textes écrits dans les années 1920 et 1930 ainsi que pour sa relation épistolaire avec Virginia Woolf (1882-1941). Alors que ses nouvelles décrivent les changements de la société chinoise moderne, sa peinture s’inscrit dans une veine traditionnelle et évoque une Chine plus intemporelle. Le style, ainsi que l’organisation de ce paysage fluvial en trois plans principaux dans l'oeuvre présentée à cette occasion (Le fleuve Min, vu de Jiading, 1945), témoignent du classicisme affirmé de cette peintre, qui fut aussi une collectionneuse avisée. Le colophon contient un poème décrivant le paysage fluvial du Sichuan représenté ici.

Fang Junbi (1898-1986)
Fang Junbi, arrivée en France en 1912, est la première artiste chinoise à avoir étudié à l’école des beaux-arts de Paris, où elle apprend la peinture à l’huile. Dans les années 1930, elle se forme également à la peinture chinoise, auprès d’artistes de l’école de Lingnan dont le style contient de nombreux emprunts aux vocabulaires occidentaux, notamment en matière de rendu des atmosphères et de la profondeur. Elle fait de la peinture à l’encre son moyen d’expression privilégié dans la seconde moitié de sa vie et l’utilise pour traiter des sujets traditionnels, des portraits et des paysages urbains, le plus souvent décrits depuis un point de vue surélevé. Son oeuvre Matin d’hiver à Pékin, 1973, est à découvrir dans cet accrochage.

Zeng Youhe (Betty Ecke, 1925-2017)
Après s’être formée auprès du peintre traditionnaliste Pu Jin (1893-1966), Zeng Youhe s’engage dans des recherches modernistes à partir des années 1950. Dès lors, son travail consiste le plus souvent en une synthèse entre des compositions dérivées de peintures anciennes et une schématisation des motifs, qui l’amène à frôler l’abstraction dès les années 1960. L'œuvre présentée ici (Composition abstraite, 1980) traversée par des lignes rouges géométriques, qui dérivent de représentations schématiques d’arbres et évoquent de manière évidente l’art des sceaux, est une composition paysagère dont l’organisation en trois plans est on ne peut plus classique, malgré son vocabulaire contemporain. 

Li Shuang (née en 1957)
Abordant la peinture en autodidacte à la fin de la Révolution culturelle, Li Shuang se rapproche du groupe des Wuming (« Sans nom ») et surtout, en 1979, des Xingxing (« Etoiles »). Seule femme parmi les fondateurs de ce mouvement d’avant-garde, elle participe à la célèbre exposition spontanée accrochée sur les grilles du musée national d’art moderne à Pékin. En 1983, elle rejoint la France après une période de détention de deux ans. Fidèle à la peinture à l’huile, Li Shuang réalise en parallèle une série de collages qui reprennent le motif de corps imbriqués peuplant ses tableaux. Créés à partir de papiers cadeaux, ces découpages sont la manifestation d’un désir d’expression du moi conscient et inconscient, caractéristique de l’œuvre de Li Shuang et conforme aux aspirations du groupe des Etoiles.
A découvrir à cette occasion : Le Rallye de la vie, 1989.

Pan Yuliang (1895-1977)
Pan Yuliang apprend la peinture à l’huile à l’école des beaux-arts de Shanghai, puis poursuit sa formation à l’Institut franco-chinois de Lyon et dans les écoles des beaux-arts de Lyon et de Paris, avant d’achever son cursus à Rome où elle étudie la sculpture et la peinture. Elle est considérée comme une des figures les plus marquantes de la modernité artistique chinoise.
Essentiellement connue aujourd’hui pour sa revitalisation du genre du nu grâce à une synthèse picturale entre vocabulaires occidentaux et chinois, Pan Yuliang a également produit plusieurs rondes-bosses dans le style synthétique en vogue en France pendant l’entre-deux-guerres. La patine dorée et la surface mouvementée qui accroche la lumière sont récurrentes dans son travail sculptural. Ses autoportraits, qui comptent parmi ses créations picturales les plus célèbres, ont contribué à l’élaboration de l’image de la femme artiste dans la Chine moderne. Cet autoportrait exposé au musée Cernuschi est à la fois l’unique exemplaire sculpté de la carrière de Pan Yuliang et l’un des derniers qu’elle réalise. 

Cet accrochage s’inscrit dans « l’été chinois »
L'Été chinois au Musée Cernuschi se tient du 11 juin au 29 septembre 2024 avec la présentation des créations d'André Kneib, une exposition Focus sur le thème de l'art équestre dans la Chine ancienne et un accrochage d'œuvres de peintres chinoises du XXe siècle. Des rencontres et des animations tout public, sur le thème de la Chine, seront également proposées au public tout l'été.

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