Depuis le legs initial fait par Henri Cernuschi, les dons d’œuvres, legs et donations constituent un apport essentiel à l’enrichissement des collections du musée Cernuschi. 

Les dons réalisés au profit du musée

Les dons réalisés au profit du musée peuvent prendre deux formes, le don manuel et la donation notariée.

  • Le don manuel : Par la simplicité de sa procédure, le don manuel est le mode de don le plus fréquent. Il se réalise par la remise matérielle de l’objet donné par le donateur (de son vivant) au donataire. Aucun acte notarié n’est nécessaire. Ce don n’est valable qu’à la double condition que les biens puissent être remis matériellement, ce qui exclut les immeubles, et que le bénéficiaire l’accepte.
  • La donation notariée : L’acte de donation est un acte authentique effectué devant notaire. La pratique de l’usufruit s’y ajoute souvent : de son vivant, le donateur demeure possesseur des œuvres dont il peut jouir avant leur transfert au musée.

Des donations historiques

En 2013 et 2016, d'importantes donations sont venues enrichir les collections du musée Cernuschi.

2018 : donation AXA

2018 : legs Harley Preston

2019 : donation Burawoy

L’entrée dans la collection du musée Cernuschi, en 2016, de la donation de Madame Françoise Marquet-Zao est historique. 
Tout d’abord, elle rappelle que, dès 1946, les oeuvres de Zao Wou-ki avaient été présentées pour la première fois en France au Musée Cernuschi. Vadime Elisseeff, alors conservateur au musée, avait eu le discernement et l’audace de présenter au public parisien cet artiste à la fois jeune et inconnu ! La presse de l’époque avait tout de suite reconnu le talent de Zao Wou-ki. Deux ans plus tard, le jeune peintre chinois arrivait à Paris, une ville qui allait demeurer l’espace privilégié de sa création. 
Les oeuvres de la donation évoquent justement cette période clef au cours de laquelle Zao Wou-ki multiplie les expériences techniques et chemine de la figuration vers l’abstraction. Ainsi pour le seul travail sur papier, l’artiste pratique le fusain, l’aquarelle, la gouache et bien sûr l’encre. Il réalise quelques portraits d’un trait sûr aux accents matissiens, s’inspire aussi bien de modèles vivants nus que de gravures et d’estampages chinois antiques. Après quelques années de rupture, il retrouvera la voie de l’encre à partir des années 1970 et ne la quittera plus. La série de compositions abstraites datées des décennies 1970 à 2000, illustre avec précision les multiples facettes de cette recherche. 
Il faut également souligner l’extrême importance des objets antiques collectionnés par Zao Wou-ki pour les collections patrimoniales du musée Cernuschi. Il commence à les rassembler à partir de la fin des années 1960, mais c’est surtout à partir des années 1990 et 2000 que les acquisitions se font plus nombreuses, au gré des achats, des cadeaux d’amis à l’occasion d’anniversaires ou de visites à l’atelier. Ces pièces datées des Shang aux Qing, témoignent de plusieurs millénaires d’histoire de l’art de la Chine. Ces vases rituels, brûle-parfums aux patines vertes et bleutées, ces céladons aux formes simples sont aussi des sources irremplaçables pour tous ceux qui souhaitent connaître le goût et l’intérêt pour l’antiquité chinoise de Zao Wou-ki. 
La donation compte également des oeuvres des artistes chinois amis de Zao Wou-ki, en particulier Walasse Ting.
 

En 2013, le fonds d’œuvres coréennes du musée a été considérablement enrichi de la donation par Madame Park In-kyung, de soixante-deux peintures de son défunt mari Lee Ungno (1904-1989). 

Ajoutées aux quarante peintures déjà conservées par le musée, ces œuvres constituent le fonds public le plus important hors de Corée dédié à cet artiste majeur de la modernité coréenne. Après un activisme intense en faveur de la reconstruction d’un art contemporain à la suite de l’occupation japonaise, Lee Ungno part en 1960 s’installer en France, où il fonde quatre ans plus tard l’Académie de peinture orientale de Paris, et développe un lien particulier avec le musée Cernuschi.
Dès la fondation de l’Académie orientale en 1964, Vadime Elisseeff, directeur du musée Cernuschi, joua un rôle essentiel dans la formation du comité de patronage de cette association, qui rassemblait des personnalités aussi différentes et complémentaires que Fujita Tsugaharu, Zhang Daqian, Hans Hartung et Pierre Soulages. Bientôt, les échanges entre Lee Ungno et le musée Cernuschi s’intensifièrent, puisque chaque semaine, à partir de 1971, l’artiste donnait rendez-vous à ses élèves au musée, où il enseigna jusqu’à son décès en 1989.
En 2013, Madame Park In-kyung, qui avait prolongé l’enseignement de son mari avant de passer le témoin à leur fils, Lee Young-Sé, décidait de donner au musée un ensemble remarquable de 62 œuvres de Lee Ungno illustrant le versant le plus personnel de sa création, entre peinture et calligraphie, figuration et abstraction.
Cette donation majeure, suivie de plusieurs années de recherches et de restauration, permit de constituer une collection unique hors de Corée qui donna lieu à une exposition rétrospective Lee Ungno, l’homme des foules (09 juin – 19 novembre 2017) qui n’aurait pas été possible sans cet ultime ensemble de dons.

Le legs, fixé par testament

Le legs est également un cas de libéralité susceptible de bénéficier au musée.
Le testament est l’acte par lequel s’expriment les dernières volontés du testateur. Contrairement au don ou à la donation cet acte prend donc effet au décès de son auteur. Les dernières volontés peuvent résulter soit d’un acte authentique, soit d’un acte sous seing privé. La rédaction d’un testament sous la forme authentique est effectuée par un notaire en présence d’un deuxième notaire ou de témoins (dits « instrumentaires »). Le testament sous seing privé est dit « olographe ». Il est rédigé, signé et daté de la main du testateur. Pour le règlement de la succession, le testateur a une liberté limitée par les dispositions légales qui le contraignent à laisser aux plus proches de ses parents une part de ses biens dite « réserve héréditaire ». Il est conseillé de se rapprocher d’un notaire.

Conformément à l’article 795 du Code général des impôts (modifié par la LOI n°2016-1087 du 8 août 2016 – art.108), sont exonérés des droits de mutation à titre gratuit :
Les dons et legs d’œuvres d’art, de monuments ou d’objets ayant un caractère historique, de livres, d’imprimés ou de manuscrits, faits aux établissements pourvus de la personnalité civile […] si ces œuvres et objets sont destinés à figurer dans une collection publique ;
Les dons et legs consentis aux établissements publics ou d’utilité publique, dont les ressources sont exclusivement affectées à des œuvres scientifiques, culturelles ou artistiques à caractère désintéressé.

Des legs importants pour le musée

En 2017, le musée reçoit le legs Touron comprenant un ensemble d’objets en porcelaine de la « famille verte ».

L’année 2008 a quant à elle été marquée par l’inscription sur l’inventaire du legs de Pierre Ledoux, ancien vice-président de la Société des amis du musée Cernuschi

Le legs Touron comprend  une boite, un bol, des canards, une coupelle, un couple, un drageoir, un écritoire, une fontaine, une garniture, un immortel, une potiche, une théière et une verseuse en porcelaine de la « famille verte ».

Le terme de « famille verte » a été forgé par Albert Jacquemart et Edmond Le Blanc. Depuis son utilisation en 1862 dans leur ouvrage Histoire artistique, industrielle et commerciale de la porcelaine, il a été largement adopté en Occident. Il désigne des porcelaines dont le décor est entièrement peint d’émaux translucides sans accompagnement de bleu de cobalt sous couverte. Cette palette est appelée par les chinois yingcai (couleurs dures/soutenues) ou Kangxi wucai (cinq couleurs de Kangxi). Il existe une variante de ce type de porcelaine lorsque les émaux, généralement limités au jaune, au vert et au brun ou à l’aubergine sont appliqués directement sur le biscuit, elle répond au nom de su sancai (trois couleurs simples).

Cette famille de porcelaine, florissante entre 1685 et 1725, directement liée au développement des échanges commerciaux entre l’Orient et l’Occident, participe à l’essor du goût pour la chinoiserie dans le XVIIIe siècle européen. Le legs Touron permet de présenter un ensemble typique de ce phénomène artistique majeur peu représenté dans les collections du musée Cernuschi.

L’année 2008 a été marquée par l’inscription sur l’inventaire du legs de Pierre Ledoux, ancien vice-président de la Société des amis du musée Cernuschi, décédé en 2005.

L’œuvre la plus importante de cet ensemble est sans conteste un jia en bronze (M.C. 2008-14, H. 43,3 ; L. 22,1 ; P. 21,8) de proportions importantes. Les jia sont des récipients permettant de réchauffer des boissons fermentées avant leur transfert dans des verseuses, puis des gobelets.

Les jia sont particulièrement nombreux à la fin de l’époque d’Erligang (vers 1550 – vers 1050 av J.-C.). Cette période voit se développer le troisième style des bronzes archaïques, défini en1953 par Max Loehr.

Le jia Ledoux peut être rapproché de trois jia peu ou prou contemporains. Le plus précieux d’entre eux fut découvert dans la tombe de la reine Fu Hao à Xiaotun près d’Anyang ; un autre fut exhumé en 1965 à Feixixian dans la province de l’Anhui et un troisième est conservé dans la collection du musée d’Art Asiatique de San Francisco.