Le musée Cernuschi et la Société des amis du musée Cernuschi proposent une nouvelle édition de "Cernuschi Art Vidéo". Ce programme, qui réunit des artistes de Chine, de Corée, du Japon et du Vietnam, revient cette année avec une sélection d’œuvres consacrées à la question du rapport des populations aux autorités politiques et économiques.

Du 24 au 29 mai 2022
De 10h à 18h (fermeture des caisses à 17h30)

Auditorium du musée Cernuschi
7 avenue Vélasquez - 75008 Paris

Accès libre et gratuit dans la limite des places disponibles.

RAPPORTS DE FORCE

En Extrême-Orient comme ailleurs, de nombreux artistes ont traité de ce sujet. Plusieurs ont opté pour le format vidéo. Celui-ci permet avec une grande efficacité de mettre en scène le pouvoir et l’articulation entre l’individu et le collectif, de saisir au plus proche l’énergie qui parcourt les corps et les esprits en mouvement, de capter les tensions qui s’installent et s’intensifient.

Les vidéos sélectionnées témoignent de la plasticité du médium. Témoignage quasi brut d’une performance ou d’une action militante, mise en scène destinée à interroger la fidélité des images à la réalité, captation de souvenirs ou représentation symbolique des luttes, chaque œuvre délivre sa part de la vérité ambiguë des rapports sociaux et politiques.

Programmation

Les vidéos sont projetées les unes à la suite des autres dans l’auditorium du musée Cernuschi, du 24 au 29 mai 2022.

Séances à 10h30, 12h, 13h30, 15h, 16h30 :

  • Lim Minouk (née en 1968), New Town Ghost, 2005, 10 min. 45

Juchée avec un batteur sur un petit camion, une rappeuse parcourt le quartier de Yeongdeungpo. Elle clame dans un mégaphone les vers écrits par Lim Minouk pour évoquer son sentiment d’aliénation face à la transformation provoquée par la politique des "villes nouvelles", lancée en 2002 en Corée du Sud. L’ancien foyer industriel, où l’artiste a élu domicile, devient en quelques années, un centre résidentiel, financier et commercial dans lequel elle peine à trouver sa place.

  • Chen Xiaoyun (né en 1971), Night/2.4KM, 2009, 9 min. 30

Les outils et les casques de chantier désignent ces hommes et ces femmes, en chemin vers une destination inconnue en ordre concerté, comme des ouvriers. Chen Xiaoyun se refuse à expliciter la signification de cette scène, dénuée de bande-son. Les références à des films maoïstes et la réalisation, la même année, d’une autre vidéo dans laquelle une foule brûle des livres, suggèrent toutefois qu’il interroge ici les motivations rationnelles et la puissance des masses.

  • Chim↑Pom from Smappa!Group (collectif formé en 2005), Black of Death, 2008, 9 min. 13

Les membres de Chim↑Pom, dans un acte que ce collectif japonais qualifie d’art de guérilla, utilisent un corbeau empaillé et des croassements enregistrés pour attirer une nuée d’oiseaux qu’ils mènent en divers lieux. Particulièrement impliqués dans la dénonciation du secret qui entoure l’industrie nucléaire japonaise, ils réalisent une seconde version de cette vidéo en 2013. Ils conduisent alors des corbeaux de la zone d’exclusion nucléaire de Fukushima jusqu’à un bâtiment de l’entreprise Tepco, exploitant de la centrale, et jusqu’à Shibuya, au cœur de Tōkyō.

  • Nguyen Minh Phuoc (né en 1973), Red Etude, 2009, 5 min. Prêt de Post Vidai.

Nguyen Minh Phuoc documente dans ses multiples travaux les conflits et paradoxes qui tiraillent la société vietnamienne. Il interroge ici le rapport entre la vie quotidienne de la population et le cadre politique communiste dans lequel elle vit. Une femme vêtue d’un costume militaire et tenant deux éventails rouges pratique le tai chi, discipline sportive et méditative originaire de Chine. Elle évolue sur un fond d’images en noir et blanc filmées dans les rues de Hanoi.

  • Yu Cheng-Ta (né en 1983), She is My Aunt, 2008, 7 min. 7

Yu Cheng-Ta filme à Taiwan une femme protestant contre le président de la République, à l’occasion de la transformation de la place du mémorial Chiang Kai-shek en place de la Liberté. Dans sa veine humoristique habituelle, il capte la manière dont les spectateurs et les médias participent à l’événement. Par le montage et par le titre mensonger de la vidéo, il se positionne comme partie intégrante de ce réseau d’interactions et questionne la vérité des images, particulièrement de celles produites par la presse et la télévision.

  • Jun Sojung (née en 1982), Between Two Worlds, 2014, 15 min. 51

Réalité et parole est un groupe d’artistes fondé en 1980, caractérisé par une dimension contestataire affirmée et dont la toute première exposition fut annulée à la dernière minute par l’institution qui devait l’accueillir. Jun Sojung filme ici une discussion entre l’historien d’art Yoon Bum-mo et les artistes Min Joung-ki et Kim Joung-heun, tous trois impliqués dans cet événement et dans l’essor du mouvement de l’art Minjung, qui accompagna et soutint les revendications démocratiques en Corée du Sud.

  • Chim↑Pom from Smappa!Group (collectif formé en 2005), Black of Death, 2013, 8 min. 53

Les membres de Chim↑Pom, dans un acte que ce collectif japonais qualifie d’art de guérilla, utilisent un corbeau empaillé et des croassements enregistrés pour attirer une nuée d’oiseaux qu’ils mènent en divers lieux. Particulièrement impliqués dans la dénonciation du secret qui entoure l’industrie nucléaire japonaise, ils réalisent une seconde version de cette vidéo en 2013. Ils conduisent alors des corbeaux de la zone d’exclusion nucléaire de Fukushima jusqu’à un bâtiment de l’entreprise Tepco, exploitant de la centrale, et jusqu’à Shibuya, au cœur de Tōkyō.

  • An Jungju (né en 1979), Ten Single Shots, 2013, 9 min. 19

An Jungju a isolé des coups de feu dans la bande-son de films de guerre et demandé à six danseurs de chorégraphier leur mort au rythme de ces détonations. Par cette réinterprétation d’une expérience de guerre lointaine, en l’occurrence la guerre de Corée, il souligne les différences de perception individuelle du passé. La reprise de la vidéo en sens inverse lui permet également de ressusciter symboliquement les victimes des confrontations de puissances ou d’idéologies.

 

Entrée gratuite et libre à tout moment, dans la limite des places disponibles.