Parties inaliénables
Installation contemporaine de Phi Phi Oanh
15 October to 15 December 2024
Cet automne, la laque vietnamienne est à l’honneur au musée Cernuschi qui accueille une installation contemporaine inédite de l’artiste vietnamienne-américaine Phi Phi Oanh.
Salle du Bouddha (salle Kwok)
1er étage du musée Cernuschi
7 avenue Vélasquez, 75008 Paris
Accès gratuit dans les collections permanentes
Les Parties inaliénables de Phi Phi Oanh explorent la laque vietnamienne, entre l’usage traditionnel de vernis protecteur appliqué sur des objets tridimensionnels et sa transformation moderne en moyen pictural d’expression. Les formes puissamment évocatrices d’une armure composite aux surfaces laquées convoquent différentes cultures et époques qui ont façonné l’identité de l’artiste dont la nature hybride nourrit la démarche artistique. Parties inaliénables est conçue comme le prolongement d’une oeuvre réalisée en 2013 et intitulée Armor Piece (Pièce d’armure). L’artiste prend l’empreinte de son propre buste et le décline en un plastron laqué évoquant les armures de l’antiquité. Elle y ajoute un casque de soldat du Viêt Minh orné de feuilles qui évoquent le camouflage.
« Cette armure est composée d’éléments issus de différentes régions, cultures et époques historiques qui ont façonné mon identité. Bien qu’elle s’inspire des antiques cuirasses romaines, leur musculature idéalisée est remplacée par le fac-similé de mon corps, ordinaire, quotidien, sous l’emprise du temps. Tout d’abord, l’empreinte a été prise dans le plâtre. Puis la cuirasse a été mise en forme à partir de kevlar, de fibre de carbone et d’époxy – autant de matériaux modernes employés dans le domaine militaire, pour la fabrication des éléments de protection. Le casque est un casque colonial utilisé par les soldats du Nord-Vietnam pendant la guerre de résistance contre les États-Unis. Ces deux éléments, le casque et la cuirasse, ont ensuite été recouverts de peinture à la laque naturelle vietnamienne. Le motif représenté sur la surface de la plaque pectorale reprend le camouflage ERDL [Engineer Research & Development Laboratories], utilisé pour la première fois pendant la guerre du Vietnam par les militaires américains. Enfin, le dessin anatomique du cœur tente de capturer dans sa matérialité, mon propre point de vue.
Cette armure est composée d’éléments issus de différentes régions, cultures et époques historiques qui ont façonné mon identité. Elle représente un uniforme et rappelle combien nous sommes souvent appelés à être porteur et gardien de pensées et d’idéologies contradictoires. » Phi Phi Oanh, septembre 2024
À propos de l'artiste
Née à Houston au Texas en 1979, Phi Phi Oanh a grandi dans une famille d’origine vietnamienne. Riche de deux cultures différentes, elle choisit d’explorer les multiples facettes de son identité à travers la voie artistique. Diplômée de la Parson School of Design de New York en 2002, elle poursuit plus tard sa formation à l’université Complutense de Madrid où elle obtient sa maîtrise en 2012. En 2004, une bourse lui est attribuée pour poursuivre ses recherches sur la peinture à la laque à Hanoï. Dès lors, la laque vietnamienne devient l’élément central de son travail qui en explore le potentiel pictural et sa capacité à convoquer la mémoire ou la réflexion. Ses installations libèrent le médium laque du carcan des champs traditionnels de la peinture et de la sculpture ou encore du domaine des arts décoratifs. Au contraire, tous ces aspects se mêlent dans ses œuvres tridimensionnelles qu’elle conçoit comme des terrains d’expérimentation.