Mai-Thu, Deux femmes assises buvant du thé

Mai-Thu [枚中栨Mai Trung Thứ] (1906-1980)

À partir de la fin des années 1950, Mai-Thu propose des petits formats, œuvres sur soie raffinées, réalisées avec le même soin que les grandes compositions, toujours uniques et encadrées par ses soins dans un style asiatique. Le peintre considère que ses « petits tableaux », comme il les appelle, pénètrent les foyers avec autant de justesse et de grâce que ses grandes compositions. Il poursuit cet élan de démocratisation de l’art en proposant des reproductions de ses œuvres, plus ou moins luxueuses, sur soie ou sur papier.
Cette petite composition est caractéristique de la période française de Mai-Thu qui s’installe à Paris à partir de 1937 et dès lors abandonne la peinture à l’huile pour n’utiliser exclusivement qu’un support de soie marouflée sur carton. Si le fond est laissé sobrement nu, la pose des deux compagnes situe la scène dans un intérieur traditionnel du Vietnam où l’on s’asseyait sur une large banquette basse portée par de courts pieds. Les accessoires, deux coussins cubiques composés de plusieurs niveaux aux couleurs variées, la fine porcelaine de Chine, le plateau laqué de rouge, les longues tuniques fendues aux côtés, les coiffures et les traits des visages renvoient à une image idéalisée d’un Vietnam éternel sur lequel le passage du temps n’aurait aucune prise. Les personnages sont placés selon une forte diagonale qui structure l’espace et occupent tout l’espace, la jeune fille en blanc étant placée bien au-dessus de la dame en vert. Cet étagement des plans offre une saveur archaïsante à l’art de Mai-Thu et renforce le caractère décoratif et précieux de l’œuvre.