En écho à l'exposition Peindre hors du monde, le nouvel accrochage du musée Cernuschi invite les visiteurs à découvrir une sélection des plus belles peintures sur éventails de la dynastie Ming (1368-1644) conservées au musée.

Salle Peinture
Section 14 du musée Cernuschi
7 avenue Vélasquez, 75008 Paris

Accès gratuit dans les collections permanentes

En Chine, les éventails sont l’un des supports classiques de la calligraphie et de la peinture. Dès la dynastie Song (960-1279), l’éventail rond est un format couramment utilisé par les plus grands peintres. Les éventails pliants, originaires du Japon, ont été adoptés par les lettrés chinois sous les Ming (1368-1644). Les éventails peints, souvent offerts en gages d’amitié, jouent un rôle important dans la sociabilité des élites de l’époque. Leur armature une fois déposée, ils peuvent être remontés à plat à la manière des feuilles d’album, devenant ainsi des objets de collection.

Wen Zhengming est considéré comme le plus éminent représentant de l’école de Wu, du nom ancien de la ville de Suzhou où il demeure presque toute sa vie. Il est en effet reconnu aussi bien pour ses talents dans le champ poétique que dans le domaine pictural et calligraphique. Dans cette œuvre de vieillesse, il fait preuve de sa maîtrise technique, en traçant le célèbre poème de Su Dongpo (1037-1101) en petite régulière (xiaokai). La minutie du traitement se retrouve également dans le paysage.

La Préface au pavillon des orchidées, rédigée par Wang Xizhi (vers 303 – vers 361), décrit une joute poétique à laquelle se livrèrent l’auteur et ses amis. Wang Xizhi est ici représenté dans le pavillon en train d’écrire son texte, tandis que ses comparses participent à un jeu consistant à composer un poème avant qu’une coupe d’alcool flottant sur l’eau ne parvienne à leur hauteur. Ce thème, qui présente l’image idéale d’une société cultivée, est très régulièrement traité par Wen Zhengming.

Wen Boren est le neveu de Wen Zhengming (1470-1559), dans le sillage duquel il s’inscrit pendant toute sa carrière de peintre, au point de contribuer largement au rayonnement de l’école de Wu. Il se distingue toutefois de son oncle par son goût du détail et du pittoresque. En témoignent les attitudes variées des protagonistes, l’accent mis sur les coupes d’alcool et l’importance accordée au personnage qui est en train d’arriver par la droite, accompagné d’un serviteur portant une cithare.

Si cette composition de Wen Boren rappelle des œuvres de son oncle Wen Zhengming (1470-1559), particulièrement en raison du rendu du feuillage à l’arrière-plan, le traitement du rocher et des bambous évoque des modèles Yuan, notamment des peintures de Zhao Mengfu (1254-1322). L’association d’un arbre, d’un rocher et de bambous est une iconographie devenue classique depuis l’époque des Song (960-1279). Wen Boren insiste ici sur la verticale médiane que constitue le tronc, afin d’adapter ce sujet au format de l’éventail.

Chen Yuansu est particulièrement réputé pour ses peintures d’orchidées, genre dans lequel il semble déployer l’essentiel de ses talents. Grâce à ses accomplissements en ce domaine, il devient un des peintres réputés de Suzhou et est comparé pour l’élégance de ses œuvres à Wen Zhengming (1470-1559). Il est également connu pour ses calligraphies dans le style de Wang Xizhi (vers 303-vers 361) et de Wang Xianzhi (344-386), dont la souplesse et l’énergie des traits trouvent ici un écho dans le traitement des feuilles des orchidées.

Dong Qichang mène de front une brillante carrière dans l’administration et une activité d’artiste et de théoricien, qui lui assure une place incontournable dans l’histoire de la peinture chinoise. Il marque en effet celle-ci par sa pratique de la référence à une lignée de créateurs considérée comme seule légitime. Il mêle ici le nom de Juran (actif de 960 à 985), que peuvent également évoquer les rides utilisées pour donner du volume à l’orographie, et un traitement pointilliste de l’arrière-plan, dans le style de Mi Fu (1051-1107).

Lan Ying est essentiellement actif à Hangzhou. Marqué par les idées de Dong Qichang (1555-1636), il pratique lui aussi un art savant de la référence. Il puise notamment dans la peinture Yuan (1279-1368) et dans les productions de l’école de Wu, qu’il adapte aux goûts de sa clientèle par son usage décoratif de la couleur. Le caractère monumental et particulièrement contourné du rocher est également caractéristique de son style. Lan Ying réalise cet éventail pour l’offrir, lors de son départ, à un proche.

Li Liufang est connu comme poète et peintre. En peinture, son style est réputé pour son originalité et son dépouillement, parfois attribué à l’influence de Ni Zan (1301-1374). Toutefois, au trait sec de ce célèbre devancier, Li Liufang préfère ici une encre humide et un travail par touches disjointes qui dissout partiellement les formes. Cet art du pinceau se prête tout particulièrement à la description du feuillage des saules, dont la présence au centre de la composition constitue la signature stylistique de Li Liufang.

 

Découvrez de nombreux autres chefs-d’œuvre de la dynastie Ming (1368-1644) dans l'exposition Peindre hors du monde, Moines et lettrés des dynasties Ming et Qing, présentée au musée jusqu'au 6 mars 2022 :

Peindre hors du monde, Moines et lettrés des dynasties Ming et Qing

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