INSPIRÉ PAR LE SIGNE
VISIONS CONTEMPORAINES DE L'ÉPIGRAPHIE
Fong Chung-Ray, Qu Lei Lei, Wang Tiande, Ye Xin et Zeng Nian
du 14 octobre 2025 au 1 février 2026
Dans le cadre de l’exposition « Chine. Empreintes du passé », le musée Cernuschi vous propose de découvrir à l’occasion d’un nouvel accrochage une sélection d’œuvres d’artistes chinois du XXe siècle qui ont tous pour point commun, l’utilisation d’éléments calligraphiques, de caractères chinois ou d’estampages dans leurs créations. Les œuvres de Fong Chung-Ray, Qu Lei Lei, Wang Tiande, Ye Xin et Zeng Nian sont présentées à cette occasion.
Salle Peinture
Musée Cernuschi
7 avenue Vélasquez, 75008 Paris
Accès gratuit dans les collections permanentes
L’exposition « Chine – Empreintes du passé », qui se tient du 7 novembre 2025 au 15 mars 2026 au rez-de-chaussée du musée Cernuschi, expose la manière dont les études épigraphiques ont puissamment contribué au renouvellement des arts chinois à l’époque des Qing (1644-1912) et pendant la période républicaine (1912-1949). Cet attrait pour l’histoire de l’écriture et pour la culture matérielle à laquelle celle-ci a donné naissance reste aujourd’hui une force motrice de la créativité des artistes. Le présent accrochage témoigne de cette récurrence des caractères chinois, des différents styles de calligraphie, des estampages et des références aux textes anciens et aux inscriptions sur pierre dans l’imaginaire esthétique et les productions des plasticiens contemporains chinois. Familiarisés dès l’enfance avec ces éléments présents dans leur environnement quotidien, les artistes voient nécessairement leur sensibilité esthétique être en partie structurée par cette culture scripturaire. La réinterprétation de celle-ci est donc une manière d’explorer un des fondements de leur créativité et de revendiquer à la fois la spécificité de leur identité artistique et leur ancrage dans un passé pluriséculaire.
FONG CHUNG-RAY (né en 1934)
Né sur le continent, installé à Taiwan, puis aux Etats-Unis, Fong Chung-Ray cherche à élaborer un style relevant à la fois de la peinture chinoise et d’une modernité globalisée. Des inscriptions apparaissent dans son œuvre vers 1990 et rappellent des parois patinées par l’histoire. Cette évocation devient plus éloquente encore quand, à partir des années 2000, sont collés sur la toile de larges pans colorés et craquelés, peints au préalable sur une surface plastique. Cette attention aux traces du temps s’appuie sur une sensibilité nourrie depuis 1988 par la lecture de textes bouddhiques. Les inscriptions figurant sur cette toile proviennent ainsi d’un ouvrage du moine Puji (1179-1253).
QU LEI LEI (né en 1951)
Comme de nombreux membres des Étoiles, groupe d’avant-garde fondé en 1979, Qu Lei Lei quitte la Chine dans le courant des années 1980. À Londres, il produit une œuvre très variée sur le plan stylistique et thématique, mais presque toujours ancrée dans une parfaite maîtrise de la peinture à l’encre. Dans les années 1990, il juxtapose par la technique du collage des figures humaines et des textes, qui font référence à l’histoire de la Chine ainsi qu’à ses propres souvenirs. Cette association de l’image et de calligraphies, écrites avec plusieurs types d’écriture, fait écho au goût pour les graphies anciennes et à l’esthétique du fragment qui caractérisaient les créations du mouvement épigraphique au XIXe siècle. Ici les inscriptions explicitent le sens de ces personnages, qui ploient sous le poids d’une fatalité politique.
WANG TIANDE (né en 1960)
Basé à Shanghai, Wang Tiande est devenu célèbre dans les années 2000 pour des œuvres constituées d’un premier paysage peint à l’encre dans un style classique et recouvert par une seconde feuille de papier, brûlée au moyen de cigarettes ou de bâtonnets d’encens afin de matérialiser les traits de contour des montagnes et des arbres. Les deux paysages superposés proposent une stratigraphie qui unit des styles traditionnels et des techniques contemporaines. Ce rapport entre le présent, nourri par l’histoire, et le passé, prolongé sous de nouvelles formes, est rendu plus explicite encore par l’insertion récente dans ses compositions d’estampages que l’artiste, à l’instar des lettrés épigraphistes de jadis, collectionne.
YE XIN (né en 1953)
L’œuvre de calligraphe et de peintre de Ye Xin, installé en France depuis 1986, se caractérise par un équilibre entre le recours à des vocabulaires savants, souvent nourris par des sources littéraires, et l’emploi d’un répertoire figuratif rappelant son passé d’auteur de bandes dessinées. Ici, il relate la réalisation d’une peinture inspirée par un texte des Jin de l’Est (317-420), le Guernica de Picasso et la seconde guerre d’Irak. Il s’affranchit largement de la grille modulaire qui régit l’écriture et la calligraphie classique pour s’orienter vers une forme d’expression très personnelle, défiant parfois la lisibilité. La complexité de ce réseau de traits permet l’intégration discrète dans l’oeuvre de mots en alphabet latin.
ZENG NIAN (né en 1954)
Autodidacte particulièrement marqué par le travail d’Henri Cartier-Bresson (1908-2004), Zeng Nian mène de front une carrière de photographe au service de grandes agences internationales et un travail plus personnel. Ces deux activités l’amènent à documenter les transformations de la Chine. Lorsqu’il prend ce cliché, il sait que le site du rocher de la grue blanche, aujourd’hui visitable grâce à la construction d’un musée sous-marin, est voué à devenir inaccessible lors de la mise en service du barrage des Trois-Gorges. Il profite d’un moment de basses eaux pour photographier les multiples inscriptions, d’ordinaire immergées, qui attestent des variations de niveau du fleuve Yangzi depuis l’époque des Tang (618-907).
Technique mixte sur toile. 2017. M.C. 2019-178. Achat, 2019
CC0 Paris Musées / Musée Cernuschi, musée des arts de l’Asie de la Ville de Paris
Encre et brûlures sur papier 2018. M.C. 2021-1. Don Société des amis du musée Cernuschi avec le soutien de la fondation Antoni Laurent, 2021
CCO Paris Musées / Musée Cernuschi, musée des arts de l'Asie de la Ville de Paris.
Encre et couleurs sur papier, collage. 1992 M.C. 2024-113. Don de l’artiste, 2024.
CCO Paris Musées / Musée Cernuschi, musée des arts de l’Asie de la Ville de Paris
Encre sur papier. 2007.
Collection privée.
Photographie argentique. Mars 1997. M.C. 2024-160. Achat, 2024.
CCO Paris Musées / Musée Cernuschi, musée des arts de l’Asie de la Ville de Paris
Poursuivez votre visite dès le mois de novembre !
Le musée Cernuschi présente l’exposition « Chine. Empreintes du passé », une invitation à suivre des lettrés et moines archéologues qui parcouraient montagnes et sanctuaires en quête d’inscriptions antiques gravées sur la pierre ou coulées dans le bronze. Ces signes et formes archaïques ont inspiré des œuvres dont la modernité repose alors sur l’association inédite entre calligraphie, peinture et estampage : une rencontre témoignant de la révolution visuelle en cours dans la Chine du XIXe siècle. Exposition organisée en collaboration avec le musée provincial du Zhejiang (Chine). 145 œuvres sont exposées : peintures, calligraphies, sceaux, estampages, livres, photographies, bronzes, céramiques, miroirs et monnaies.
Du 7 novembre 2025 au 15 mars 2026