Paysage indomptable

Lebadang, né en 1921 à Vietnam ou Việt Nam, décédé en 2015 à Paris

1972
Encre noire, Peinture à l'huile
Peinture
Ecrit au revers : "Phong cảnh bất khuất" ("paysage indomptable"); Angle inférieur droit : sceau peint et signature "Lebadang" / Au revers de la toile : inscription "Paysage indomptable, Cannes 1972 Lebadang".
Don manuel : Lebadang, Myshu

M.C. 2015-22

Lebadang (Lê Bá Đảng 黎白璗), artiste français d’origine vietnamienne, installé en France depuis l’âge de dix-huit ans, a toujours conservé avec son pays d’origine un fort lien culturel et affectif en dépit de l’éloignement.
En 1969, le conflit, opposant le Nord-Vietnam communiste au Sud-Vietnam soutenu par les États-Unis, fait rage. Le président Nixon, élu en janvier, s’engage à retirer ses troupes. La violence à son paroxysme est relayée par un flot inédit d’images qui frappent les esprits et soulèvent un vent de contestation. À Paris, Lebadang suit à distance le déroulement des combats. Voilà trente ans qu’il a quitté son pays natal ravagé par la guerre d’indépendance contre la France, puis par cette guerre fratricide. En 1972, les négociations de paix menées à Paris progressent et aboutissent à la signature des Accords de Paix de Paris en janvier 1973.
Pendant cette période charnière où la désolation côtoie l’espérance, Lebadang exprime son déchirement au moyen d’une série de toiles intitulées Paysages indomptables (1969 – 1973). Une nature chaotique, falaises noires et abruptes, bouillonnements agressifs, éclaboussures hostiles, est transpercée d’une ligne rouge. Seule note de couleur, violent espoir ténu mais acéré, elle évoque la piste Hồ Chí Minh, réseau routier secret traversant du nord au sud les montagnes impénétrables par où transitait le ravitaillement des troupes communistes. L’encre noire très fluide est appliquée avec une extrême rapidité sur la surface enduite de la toile. La vigueur du trait renvoie à l’art calligraphique oriental tandis que l’effacement du motif au profit de l’expression du geste et du processus créatif témoigne de l’immersion de Lebadang dans la culture artistique de son temps.