Chen Shuren, "Feuilles d'érable rouges"

CHEN Shuren 陳樹人 (1883-1948)
Feuilles d'érable rouges, 1947
Encre et couleurs sur papier
H.55,3 cm ; L.40,5 cm
Don Guo Youshou, 1953

M.C. 8722

Inscription et signature : 三十六年冬, 陳樹人寫

Traduction : En hiver de la trente-sixième année [1947], peint par Chen Shuren

Chen Shuren est l’une des principales figures de l’école de Lingnan, avec Gao Jianfu (1879-1951) et Gao Qifeng (1889-1933). Comme Gao Jianfu, Chen Shuren étudia la peinture auprès de Ju Lian (1828-1904), le plus important peintre de fleurs et oiseaux actif à Canton à la fin du XIXe siècle. Dès 1904, il publie ses premiers articles hostiles au régime impérial. En 1905, il adhère au mouvement Tongmenghui de Sun Zhongshan (Sun Yat-sen, 1866-1925). En 1906, il quitte la Chine pour étudier les arts appliqués et la peinture au Japon où il effectue deux séjours de 1906 à 1912 et de 1912 à 1916. Confronté aux expérimentations de l’école japonaise du Nihonga et aux techniques de la peinture occidentale, il se rapproche de Gao Jianfu et publie dans son journal Zhenxiang huabao. Son engagement politique devait l’amener à exercer un rôle actif au sein du Guomindang. De 1917 à 1922, il représente le parti au Canada ; à son retour, il occupe des fonctions importantes sur la scène politique de Canton.
Son œuvre se développe en marge de ses activités politiques. Au cours des voyages qui rythment son parcours, il dépeint les sites célèbres, tout en continuant à pratiquer le genre de la peinture de fleurs et d’oiseaux. Dans les années 1930, il participe à plusieurs expositions en Chine et en Occident, et prend part aux débats artistiques au sein des nombreuses sociétés de peintures qui fleurissent à cette époque. Au cours des dernières années de sa vie, ses écrits sur l’art et son rôle de protecteur des jeunes peintres, lui confèrent une autorité singulière sur la scène artistique des années 1940.
La composition de Fleurs d’érable rouges est caractéristique de Chen Shuren. Le sujet, d’apparence traditionnelle, trahit néanmoins l’intérêt du peintre pour les études sur le motif. Feuilles et branches semblent faire irruption dans le champ de la peinture d’une manière naturelle. La façon dont les branches s’entrecroisent pour former une croix au centre de la page est un élément structurant commun à nombre de ses réalisations, dont la peinture de chrysanthèmes datée de 1947, conservée au musée Cernuschi (M.C. 8721). L’usage du rouge éclatant semble avoir été réservé par Chen Shuren à quelques sujets. L’un d’eux a été étudié par Li Weiming : il s’agit de fleurs de kapok, qu’il représenta régulièrement à partir des années 1920. Pour Chen Shuren ce motif était intimement lié à sa région natale de Canton. Les feuilles d’érable rouges, qui figurent également dans de nombreuses compositions, sont souvent associées à un petit oiseau solitaire. Chen Denxin a montré que ce motif, peint pour la première fois en 1932, était une métaphore opposant la fragilité de l’oiseau à la force brute de son prédateur. Il s’agissait pour Chen Shuren d’évoquer l’assassinat de son fils Chen Fu (1907-1932), vraisemblablement organisé par Chen Jitang (1890-1954), le commandant militaire contrôlant la région de Canton.

Référence(s) : Bobot, Marie-Thérèse, Musée Cernuschi : collection des peintures et calligraphies chinoises contemporaines, Alençon : Imprimerie alençonnaise, 1985
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