Pang Xunqin, "Deux femmes Miao (La Mère et la Fille)"

PANG Xunqin 庞薰琹 (1906-1985)
Deux femmes Miao (La Mère et la Fille), vers 1940
Encre et couleurs sur papier
H.45,4 cm ; L.37,7 cm
Don Guo Youshou, 1953

M.C. 8676

Signature : 龎薰琴

Traduction : Pang Xunqin

À la fin de l’année 1938, Pang est nommé chercheur attaché à l’Academia Sinica et au Musée central national qui se sont repliés à Kunming en raison de l’occupation de Nankin par les Japonais. L’Academia l’a envoyé pour une mission de trois mois non loin de Kunming, dans la province de Guizhou, afin qu’il recueille et consigne les coutumes de l’artisanat des Miao. S’inspirant de ses contacts avec les différentes tribus Miao, fasciné par la beauté des motifs décoratifs de leurs vêtements ethniques, Pang peint de 1941 à 1946 une série d’œuvres à l’encre de couleur sur satin ou sur papier xuan, qui figurent des femmes et des hommes Miao en costumes traditionnels.
L’œuvre La Mère et la Fille se trouve dans les collections du musée Cernuschi depuis 1946. Elle a été donnée par Guo Youshou, qui fut de 1946 à 1948 le premier directeur pour l’éducation de l’Unesco, en poste à Paris. Au début des années 1940, alors ministre de l’Éducation de la province du Sichuan, Guo avait activement parrainé à Chengdu diverses expositions et autres manifestations artistiques. Lié d’amitié avec de nombreux artistes, dont Pang Xunqin, Guo acquit très probablement La Mère et la Fille auprès de ce dernier avant son départ pour l’Unesco en 1945.
Michael Sullivan a fait remarquer que les Miao de Pang représentaient "dans la technique chinoise un style de peinture entièrement original […], associant à une description minutieuse de la vie, des costumes et des textiles du peuple Miao un formalisme assuré, inspiré de Braque et de Léger, pénétré d’un lyrisme et d’une poésie qu’aucun autre peintre chinois de son époque n’était parvenu à rendre."
Il émane des personnages de La Mère et la Fille, vêtues de leurs costumes traditionnels arborant des velours à motifs floraux, une touche d’exotisme au cœur d’un environnement idyllique. Ces femmes Miao incarnent la vision idéalisée de la féminité conçue par l’artiste : gracieusement distante, virginalement innocente et d’une séduction tranquille, non affectée par quelque mode cosmopolite. Pang a déclaré en 1943 : "Mon interprétation de cette ethnie camarade de Guizhou n’est en rien réaliste et ne peut être soutenue face aux normes ethnographiques, puisque ce que tracent mes pinceaux trahit mon propre moi." Dans ces tableaux, il superpose sa profonde nostalgie d’une sorte de pureté, découverte chez les indigènes Miao, dans leur artisanat, leurs fêtes coutumières et leurs travaux quotidiens, à son expression personnelle pour en rendre une vision actualisée.

Référence(s) : Pang Tao (dir.), Pang Xunqin wenxuan : lun yishu, sheji, meiyu, Jiangsu : Education Publishing House, 2007
Sullivan, Michael, “En souvenir de Pang Xunqin” in Pang Xunqi huaji, Pékin : Renmin meishu chubanshe, 1997
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