Pot à eau (mizusashi)
Porcelaine, Bleu sous couverte
Pot à eau
H. 27 x l. 14 cm
M.C. 3348
Legs, Cernuschi, Henri
Ce pot a été monté au tour, puis déformé et décoré. Le tesson est gris, plus lourd que celui des céramiques de Mino, bien qu'il soit proche de certaines productions de cette région, désignées sous le nom de Mino Iga car elles imitent les productions d'Iga ; l'attribution à Iga même paraît donc la plus raisonnable. Sur le fond, on distingue nettement la trace circulaire laissée par une pièce cuite avec laquelle elle a été empilée. La marque, que l’on appelle « marque de four » (kamajirushi), sert à distinguer soit la production d’un artisan (ou d’un atelier) soit une commande particulière à l’intérieur d’une fournée. Cette dernière hypothèse semble confirmée par la découverte, sur des sites de la période de Momoyama à Kyōto, de céramiques d’origines différentes portant la même marque. La hauteur réduite de l’ustensile est inhabituelle, mais pas exceptionnelle.
La région d’Iga, dans la préfecture de Mie, est toute proche de Shigaraki, où l’on utilisait depuis le XIVe siècle la terre de l’ancien lit du lac Biwa pour fabriquer des jarres à thé (chatsubo). Le premier four d’Iga aurait été celui du château d’Ueno, construit par Tsutsui Sadatsugu (1562-1615), disciple du maître de thé Furuta Oribe et seigneur de la région entre 1584 et 1608 ; la première mention de la céramique d’Iga dans le manuel de thé Tennōjiya kaiki est à la date de 1582. Succédant à Sadatsugu, Tōdō Takatora (1556-1630) continua à promouvoir la production, orientée essentiellement vers les objets pour le thé. Les fours fonctionnèrent probablement jusque vers la fin de l’ère Kan’ei (1624-1644). Dans les années 1750, de nouvelles manufactures apparurent à Iga, mais leur production était liée, contrairement à celle des fours anciens, au développement de l’usage de la céramique dans les couches populaires.